Adoré, parfois diabolisé, le soleil reste un ami qui nous veut du bien. Bon pour le moral, il est aussi utile pour synthétiser la vitamine D, précieuse contre la fragilité osseuse. Et puis il nous rend belles. À condition de dorer et non de brûler !
Par Marie-France Rigataux
Photographie Marianna Sanvito
Quatre réflexes solaires
Le retour des beaux jours, après un hiver long et pénible, nous fait perdre la tête. En quête du moindre rayon, nous en oublions les plus élémentaires précautions. Alors que UVA et UVB nous poursuivent dès que nous sommes dehors, nous agissons comme si les produits solaires n’étaient réservés qu’aux vacances et à la plage. Idées reçues et méconnaissances sont en cause. Compléments alimentaires par exemple, filtres, taches, indices, quatre sujets à maîtriser pour ne pas se griller la peau.
Préparer sa peau avec un complément-écran
Facteur de stress oxydatif provoquant une diminution du système immunitaire (les caroténoïdes présents dans la peau voient leur pourcentage chuter de 50% lors d’une exposition), le soleil nécessite une supplémentation en antioxydant. Généralement considérés comme des boosters de teint – grâce au bêtacarotène qu’ils renferment – les tout derniers compléments solaires sont avant tout d’efficaces boucliers. À l’instar d’Innéov Sensibilité Solaire, riche d’un ferment lactique en forte concentration, qui accélère la régénération des défenses cellulaires de la peau, la plupart de ces compléments renferment du lycopène, parfois de la lutéine chargée de diminuer le risque de problèmes oculaires.
C’est le cas, notamment chez Oenobiol et Lierac. Directrice de projet dans le département recherche et développement de L’Oréal, Isabelle Castiel-Higounenc précise en outre que l’utilisation quotidienne d’Innéov Sensibilité Solaire deux mois avant une exposition soutenue fait passer de dix jours à quatre jours seulement la durée de réparation de la peau. «On réactive ainsi les cellules de Langerhans, essentielles dans cette régénération.»
Tout dernier produit de la recherche L’Oréal-Nestlé, Innéov Soleil Intensif Antiox, dopé en un extrait de fruits qui neutralise les radicaux libres, en vitamine E et en bêtacarotène, favorise ainsi dans l’épiderme la production de mélanine, ce précieux pigment qui nous protège. À limiter aux semaines qui précèdent le départ et durant l’exposition, le complément peut aussi servir à prolonger le bronzage.
Se protéger avec un filtre, minéral ou synthétique
Sévèrement réglementés, les filtres sont de deux types. Les minéraux – oxydes de zinc, dioxydes de titane – agissent en réfléchissant les rayonnements UVA et UVB. Les synthétiques (ou chimiques), molécules complexes à base de carbone, fonctionnent en absorbant l’énergie. Tolérés par tous les types de peau, les premiers ont parfois été accusés de déposer sur le visage un disgracieux film blanc. Les recherches des laboratoires ont quasiment eu raison de cet inconvénient. Il suffit de se masser un peu plus l’épiderme pour les faire disparaître. Avantage des seconds: leur totale transparence qui autorise des formules plus cosmétiques encore.
Questionné sur leur tolérance, le Dr Daniel Perrenoud, spécialiste FMH en dermatologie et vénéréologie, confirme leur photostabilité et leur sécurité. «Tous les filtres allergisants ont été retirés du marché depuis longtemps.»
S’éviter des taches, vérifier les grains
Docteur spécialisé en médecine esthétique, Vincent Lecocq s’interdit… d’interdire à ses patientes victimes de ces dérèglements de mélanine provoqués par les UV de s’exposer à nouveau! Il les reçoit d’ailleurs même avant les vacances. «On croit souvent qu’il n’est pas indiqué de traiter les taches quelques jours avant le départ. En fait il n’y a aucune contre-indication, excepté le risque d’en refaire de nouvelles si on reste trop longtemps au soleil aux mauvaises heures (entre midi et 16 heures) et sans un indice de protection élevé (lire ci-dessous). Je suis contre la radicalité.
Profitons des vertus du soleil! Sachant que ce n’est pas sans risque.» Sans tenir des promesses exagérées, car il y a des taches (claires sur une peau claire, par exemple) difficiles à enlever, il privilégie l’alexandrite, un laser pigmentaire, utilisé de façon progressive pour ne pas provoquer une croûte qui durerait entre cinq et huit jours.
En revanche, au retour des vacances, il faut attendre que l’épiderme ait débronzé. «Sur la peau brune, le laser ne va pas faire la distinction et risque de brûler le pourtour de la tache.»
Vérification
Côté grain de beauté, si vous avez un doute, consultez le site myskincheck.ch. Sponsorisé par La Roche-Posay, il permet de vérifier son degré de risque. Il suffit de télécharger la photo des grains suspects. Elle est examinée gratuitement par des dermatologues sous la direction du Pr Reinhard Dummer, de la clinique dermatologique de l’hôpital universitaire de Zurich.
Indices: raison garder
Non le bronzage ne protège pas ! Le fait d’être hâlée correspond environ à un indice SPF 3, pas davantage! Même les peaux mates ont intérêt à opter pour des indices élevés, quitte à les réduire, après quelques jours. En revanche, pour les rousses et les blondes aux yeux très clairs, pas de salut en dessous du 50. A renouveler régulièrement. Les indices sont calculés pour une application de 2 g/cm2, beaucoup plus que ce que nous utilisons en temps normal.
C’est toutefois moins une question de quantité que de qualité ! Les indices inférieurs à 10 ne servent pas à grand-chose, oublions-les donc vite ! Autre conseil: étaler une première couche trente minutes avant l’exposition, le temps nécessaire pour l’épiderme d’absorber le produit. Quant aux applications suivantes, elles tiendront aussi compte d’éventuelles activités sportives (transpiration) et aquatiques. Bon à savoir enfin: 95% de la pigmentation est en place après une dizaine de jours. Toute exposition supplémentaire ne sert ainsi plus à rien, sinon à participer au photovieillissement.
Le Dr Daniel Perrenoud n’a, ces dernières années, jamais constaté d’intolérance à aucun filtre, mais avoue conseiller quelques marques ciblées pour les peaux sensibles. La Roche-Posay, Avène, Vichy, Eucerin notamment. «Je tiens un discours de raison. Il n’y a que dans des cas extrêmes, comme le mélanome, que je déconseille le soleil. J’ai donc tendance à simplifier: un indice maximal au départ, un intermédiaire, 25 ou 30, ensuite.»
Aux peaux abîmées ou aux phototypes 0 (cheveux blancs, albinos, bronzage impossible) et I (cheveux roux, peau laiteuse, taches de rousseur) qui ne renoncent pas à s’exposer, le praticien conseille un stick 50+, en plus de la crème, pour les zones très exhibées ou celles qu’on oublie, comme les oreilles ou sous le menton. «Et je signale que les ultraviolets pénètrent jusqu’à 50 cm dans l’eau et que 80% sont réfléchis par la surface de la neige.»
Source Edelweiss Magazine