Véronique Kipfer – le 18 avril 2010, Le Matin
De plus en plus d’amateurs de bronzette sont victimes d’allergies solaires. Parfois pour le restant de leurs jours.
On a bien compris qu’il n’est plus possible de bronzer sans risquer le mélanome. Mais quand on se retrouve déjà couvert de boutons qui démangent – voire de cloques – après une brève exposition au soleil, c’est rageant. C’est pourtant ce qui arrive à toujours plus de monde, et ce dès les premiers beaux jours. Le point avec le Dr Daniel Perrenoud, dermatologue à Lausanne au Centre Laseris.
Une allergie solaire, c’est quoi?
C’est un terme couramment utilisé par le public, qui recouvre en réalité de nombreuses entités. Il y a les lucites, des allergies vraiment provoquées par l’interaction de la peau et de la lumière. Mais aussi les réactions phototoxiques ou photoallergiques dues, respectivement, au contact avec un élément photosensibilisant ou à l’ingestion d’un produit du même type. Et aussi toutes sortes d’autres dermatoses qui, pour les spécialistes, ne font pas partie des allergies solaires. Par exemple les maladies qui vont simplement s’aggraver au soleil, comme, entre autres, la couperose.
Ce type d’allergies est-il estival?
Non, plus seulement, ce qui explique qu’elles soient actuellement en nette augmentation. D’une part, les gens partent maintenant régulièrement dans les pays chauds en hiver. Leur peau n’est alors pas préparée au soleil, et ils risquent plus facilement de développer une allergie, avec des symptômes plus forts. D’autre part, il y a tous ceux qui, après avoir été une fois victime d’une réaction cutanée, vont en souffrir chaque année de manière récurrente, et de plus en plus tôt dans la saison.
Qu’est-ce qui les déclenche?
La durée et l’intensité d’exposition. C’est pourquoi il s’agit d’être particulièrement attentif à l’altitude, à la saison, à la situation géographique et à l’heure à laquelle on est au soleil.
Quels sont les symptômes?
Ils diffèrent d’un type d’allergie à l’autre, et même pour une seule et même catégorie. L’urticaire solaire apparaît presque immédiatement, même lorsqu’une infime partie du corps – le visage, par exemple – est exposée, mais disparaît en quelques heures. La lucite polymorphe, elle, peut apparaître lors d’une simple promenade ou autre activité normale. Et les caractéristiques sont très variables, du petit bouton à l’oedème en passant par les plaques. Elle peut se disséminer même sous les vêtements et provoquer, dans les cas sévères, des malaises, des maux de tête, etc.
Tout le monde est-il concerné?
Il semble que les femmes et les 20-40 ans sont les plus touchés. Les enfants, pour leur part, développent très rarement ce type d’allergies.
Comment s’en prémunir?
Comme pour les coups de soleil, un comportement prudent permet d’éviter les allergies: chapeau adapté couvrant aussi la nuque, vêtements couvrants – par exemple une combinaison lorsqu’on fait du snorkeling (plongée au tuba) -, écrans solaires à large spectre et pas d’exposition lorsque le soleil est au zénith. Il faut également tenir compte de son type de peau. En effet, une carnation claire a plus de risques de développer un jour une réaction cutanée qu’un teint mat.
Peut-on les soigner?
Lorsqu’on souffre d’une allergie solaire, pas le choix: il faut se réfugier à l’ombre et se couvrir jusqu’à ce que la réaction ait disparu. Soit entre une semaine et quinze jours en moyenne, de quoi bien gâcher les vacances! En cas de très forte réaction, on peut s’enduire de pommade cortisonée ou prendre des antihistaminiques. Il est également possible de suivre un traitement par voie orale avec des antimalariques, qui sont photoprotecteurs. Et les personnes sujettes à de fortes allergies peuvent bénéficier d’un traitement de photothérapie: on les expose à une dose d’UV de plus en plus importante, de manière à ce que le corps les tolère ensuite. Mais c’est une démarche à réitérer à chaque printemps.
Source: www.lematin.ch