Emission de la Télévision Suisse Romande
TSR ABE, diffusée le mardi 11 mars 2003
Sans atteindre les extrêmes de Catherine de Médicis, dont on dit qu’elle consacrait des heures de toilettes quotidienne à ses mains d’une beauté légendaire, les humains prennent soins de leurs mains. Il faut dire qu’elles ont joué un rôle important dans l’histoire et dans l’évolution.
Si, au cours de l’évolution, l’homme s’est démarqué des autres espèces, c’est entre autres parce qu’il a des mains.
Il y a trois millions d’années, les ancêtres de l’espèce humaine libéraient progressivement leurs membres antérieurs de la marche à quatre pattes pour se redresser, transformant ainsi leurs mains en véritable outil.
Les capacités préhensiles et tactiles de la main en font un instrument idéal de connaissance. A ce titre, elle est un prolongement du cerveau. Avec le temps, elle gagne en habilité, façonne, construit et devient créatrice.
A Lausanne, on lui a même consacré un musée. Nous avons rencontré son directeur Francesco Panese. Il est le gardien d’une collection riche d’un millier d’objets.
Francesco Panese: « Je crois que, pendant longtemps, la main était essentiellement l’outil de travail. La main a longtemps été marquée par une profession, par une activité. A partir du moment où, de plus en plus, des travaux se sont démanualisés, n’ont pas agi sur la chair de la main, eh bien, la main est devenue une valeur esthétique. La main est la partie du corps qui permet de se présenter, c’est l’outil d’une présentation de soi. Cette main, on va la soigner, on va la lire, la comparer. On compare sa main avec celle de ses enfants. Finalement, la main est beaucoup une signature de la personnalité sous l’angle esthétique aujourd’hui. »
La main est l’organe du toucher. Que l’on s’en serve pour écrire, communiquer, qu’on l’utilise pour lire l’avenir, créer ou caresser, aujourd’hui, la tendance veut que la main soit au centre de notre attention.
On la soigne et, à ce titre, elle participe au marché de l’esthétique.
La vie quotidienne d’une main, c’est rude. Agressions perpétuelles, chaud-froid, humidité, sécheresse, lumière, c’est sans doute la partie de notre organisme la plus exposée aux variations et à l’extérieur. L’hydratation naturelle des mains est de 4 à 5 fois inférieure à celle du visage. Les mains vieillissent donc plus vite que le reste du corps. De plus, la structure de la peau à cet endroit est très spécifique.
La peau de la main est, avec celle de la plante du pied, la plus épaisse du corps. Elle est extrêmement innervée, très mobile, car elle transpire beaucoup, et fortement vascularisée. Toutes ces caractéristiques en font un organe très sensible à l’environnement. Mais bien que très résistante, la peau de la main subit des agressions continuelles. L’épiderme est particulièrement sensible au froid, à la chaleur, au frottement, à un environnement acide ou alcalin, bref à tout ce qui s’écarte de ses conditions physiologiques normales. Face aux agressions, la peau réagit de manière graduelle et variable en fonction des substances impliquées. Suivant les cas, elle deviendra irritée.
Pour nous en parler, nous avons rencontré le dermatologue Daniel Perrenoud: « Une irritation est la conséquence de l’agression intense ou prolongée de la peau par un agent externe. L’agression peut être mécanique ou chimique. Un exemple très fréquent, c’est le contact avec des produits détergents à mains nues pour des travaux ménagers. Si nous sommes exposés à une agression de ce type-là de manière prolongée sans protection, nous allons développer une dermite d’irritation des mains qui se caractérise par des mains qui sont rouges, sèches, qui vont picoter, démanger et souvent brûler. »
La vitesse d’apparition de la sécheresse cutanée ou des sensations de brûlure dépend de la résistance naturelle qui est variable chez chaque individu. L’expérience a montré que les personnes au teint clair, qui prennent facilement des coups de soleil, auront plus facilement les mains irritées.
Daniel Perrenoud nous explique: » La peau transpire constamment. La couche de graisse, qui est normalement à la surface de la peau, empêche que nous perdions toute l’eau. Donc, une peau irritée va être une peau qui est déshydratée, une peau qui est dégraissée et qui va devenir perméable. Si bien qu’après un certain nombre de dégraissages, cette peau extrêmement perméable va être de plus en plus sensible à toutes les agressions qui vont survenir dans le reste de la journée. »
C’est la couche cornée, la partie externe de l’épiderme, qui est au contact avec l’environnement extérieur. Elle mesure moins d’un centième de millimètre d’épaisseur et constitue la principale barrière de protection. Après blessures ou agressions, l’épiderme réagit en accélérant le renouvellement de la couche cornée. Ce processus dure 3 ou 4 semaines.
Mais, pour contrer une irritation, il est possible de favoriser le retour à l’équilibre physiologique de la peau en la réhydratant.
Selon Daniel Perrenoud: « La crème est une bonne réponse dans les stades précoces, c’est même la meilleure réponse. J’aime à répéter qu’il est plus important d’appliquer une crème correctement que de choisir une crème idéale. Autrement dit, la manière dont on applique une crème est plus importante que le type de crème que l’on utilise. La bonne manière d’utiliser une crème pour les mains, c’est d’en utiliser très fréquemment, si nécessaire toutes les heures, voire plus qu’une fois par heure, en fines couches, avant le début du travail, pendant la journée. Il faut utiliser une crème plus riche lors des interruptions de travail, à la fin de la journée de travail et avant de se coucher. »
L’homme a compris, depuis longtemps, qu’un bon moyen pour prévenir les problèmes d’irritation de la peau des mains est de les enduire d’un film protecteur. Une crème toute simple est déjà un bon barrage de protection entre la peau et l’extérieur.
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